30/05/2016
Le mois de juin sera ponctué de plusieurs échéances capitales, quelles soient politiques ou économiques. Les investisseurs font preuve de vigilance.
Juin est assurément, avec novembre et l’élection présidentielle américaine, le mois que les marchés redoutent le plus. La densité des événements importants et leur impact potentiel poussent à la vigilance notamment après la récente poussée haussière des marchés actions.
La première échéance majeure sera la réunion de l’Opep qui tentera de donner corps aux discussions préalables sur un gel potentiel de la production, notamment après l’échec de la réunion précédente à Doha en avril. Une partie significative de la hausse des marchés est attribuable à la forte hausse des cours du pétrole, le marché restant convaincu de la possibilité d’un accord entre les principaux pays producteurs malgré le statu quo en avril. Ce sont notamment les tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran (qui souhaite rapidement regagner les parts de marché perdues pendant la période de sanctions) qui avaient fait avorter les discussions.
Après le puissant rallye de février à mai (le baril américain cotait moins de 30 $ en février contre 50 $ ces derniers jours ), le risque d’un impact sur les cours est cette fois-ci bien réel en cas de nouvel échec ou d’accord partiel. Le marché commencera à penser qu’un accord à l’échelle mondiale est impossible et dans un contexte où les stocks mondiaux sont toujours très élevés avec une demande peu dynamique, le risque de correction des cours est important (et donc l’impact potentiel sur les indices actions).
Réunion de la BCE tant attendue
Le même jour se tiendra la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) où, même si aucune annonce particulière n’est attendue, le marché surveillera la tonalité globale des déclarations. Même si l’inflation en zone euro évolue en territoire négatif, la banque centrale tiendra compte de l’évolution à la hausse des cours du pétrole et de l’ensemble des matières premières depuis le début de l’année, facteur de relèvement des prix à moyen terme. Récemment, c’est Ewald Nowotny de la BCE qui a à nouveau et publiquement fait le parallèle entre niveau de l’inflation et cours du pétrole.
Comme les cours du pétrole se sont repris de 80 % en quelques mois, faut-il y voir dans cette déclaration un signal précurseur pour les prochaines décisions, peut-être légèrement moins accommodantes que les précédentes ? Ce qui permettrait également de stabiliser l’opinion publique allemande au sujet de la BCE…
Un référendum et des législatives
Les deux autres échéances très importantes de juin seront bien évidemment le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, même si les derniers sondages font état d’un écart significatif entre les pro et les anti-Brexit, au bénéfice des anti-Brexit. Le rebond de la livre sterling depuis quelques semaines peut également traduire un excès d’optimisme sur cette échéance, susceptible de se tasser quelques jours avant l’échéance, pas forcément pour créer un choc, mais suffisant pour ramener de la volatilité.
Les élections en Espagne seront l’autre rendez-vous important de la seconde partie du mois de juin. Les élections législatives de décembre avaient débouché sur une fragmentation du Parlement avec des partis incapables de former des alliances. Le risque pour les marchés serait de voir une percée de la gauche radicale au moment où le budget espagnol est sous surveillance de Bruxelles. La gauche radicale (Podemos) n’a pas réussi à se rapprocher du parti socialiste en raison d’exigences sur le nombre de portefeuilles ministériels et sur la question du référendum en Catalogne.
En attendant la Chine et Fed
Si on ajoute à ces quatre événements la situation toujours sous surveillance de la Chine (PMI, balance commerciale, production industrielle) avec le risque de voir la Banque centrale américaine (Fed) relever ses taux dès juin, les possibles facteurs de volatilité seront nombreux.
Il faut se souvenir que les deux derniers mouvements de forte baisse sur les places boursières mondiales en août 2015 puis janvier/février se sont faits sur de mauvais chiffres macroéconomiques chinois… mais également sur une baisse rapide du yuan face au dollar. La Fed et les probabilités de relèvement de taux seront donc particulièrement surveillées en juin.